Ancêtre enfant trouvé ou abandonné : le guide complet pour vos recherches

Ancêtre enfant trouvé
Retrouver un ancêtre abandonné

L’Ombre et la Lumière : Retrouver la trace d’un ancêtre enfant trouvé ou abandonné dans votre arbre

C’est la hantise de tout généalogiste, mais c’est aussi souvent le début de l’enquête la plus émouvante de votre parcours.
Vous remontez le temps, acte après acte, quand soudain, la chaîne se brise. Pas de parents. Juste une mention lapidaire sur un acte de mariage ou de décès : « enfant de parents inconnus », « enfant de l’hospice » ou « enfant trouvé ».


Face à ce mur, beaucoup de chercheurs amateurs baissent les bras, pensant avoir atteint une impasse définitive. En tant que généalogiste professionnel, je vois souvent ce découragement. C’est une réaction compréhensible.
Sociologiquement, l’abandon renvoie à une peur primordiale : celle de n’être rattaché à rien, d’être une « branche morte ». Pourtant, je vous l’affirme : ce n’est pas la fin de l’histoire.

Au contraire, c’est souvent là que les archives deviennent les plus bavardes. L’administration française, paradoxalement, a documenté la misère avec une minutie bureaucratique impressionnante.
Dans cet article, nous allons voir ensemble, pas à pas, comment transformer ce vide généalogique en une histoire riche et documentée.

1. Comprendre les mots pour bien chercher

Avant de foncer aux archives, il est crucial de maîtriser le vocabulaire de l’époque (principalement le XIXe siècle, siècle d’or des abandons).
Les termes ne sont pas interchangeables et désignent des réalités administratives différentes qui vous orienteront vers des registres distincts.

L’enfant trouvé (ou exposé) : C’est l’enfant déposé secrètement dans un lieu public, le plus souvent dans le fameux « tour » de l’hospice (nous y reviendrons). On ne connaît ni le père ni la mère au moment de l’abandon.

L’enfant abandonné : Nuance importante. Ici, l’identité des parents (ou au moins de la mère) est souvent connue de l’administration. Ils ne peuvent plus subvenir aux besoins de l’enfant et le confient à l’Assistance publique.

L’orphelin pauvre : Ses parents sont décédés et aucun membre de la famille ne peut (ou ne veut) le prendre en charge.

L’enfant assisté : C’est le terme générique qui finira par englober toutes ces catégories, notamment après les lois de la fin du XIXe siècle.

Pourquoi cette distinction est-elle vitale ? Parce qu’elle détermine la « cote » d’archive que vous allez devoir consulter.

2. La Série X : Le trésor des Archives Départementales

Si votre ancêtre a été pris en charge par l’administration (hospices, hôpitaux, bureau de bienfaisance), sa vie est consignée dans la Série X des Archives Départementales. C’est le Graal pour ce type de recherche.

Contrairement à un enfant élevé dans sa famille biologique qui ne laisse de traces qu’à l’état civil et chez le notaire, l’enfant trouvé a un « dossier ». L’État, en se substituant aux parents, a tout noté : le coût de ses langes, le nom de sa nourrice, ses maladies, son placement en apprentissage, et parfois même, des lettres de la mère biologique réclamant des nouvelles.

La méthode pas à pas dans la série X :

1. Le Registre d’immatriculation (ou de réception) : C’est votre point d’entrée. Il faut connaître la date approximative et le lieu de l’abandon (souvent déduits de l’acte de naissance ou de l’âge estimé). Vous y trouverez un numéro de matricule. Ce numéro est la clé de tout. Notez-le précieusement.

2. Le Procès-verbal d’exposition : Pour les enfants trouvés, ce document est poignant. Il décrit avec précision les vêtements que l’enfant portait (la marque sur le lange), son état de santé, et parfois un petit billet laissé par la mère ou un signe de reconnaissance (un ruban coupé en deux, une médaille). Ces détails servaient à une éventuelle identification future si la mère revenait.

3. Le Dossier individuel : Une fois le matricule en main, cherchez le dossier individuel. Attention, tous n’ont pas été conservés (lacunes, incendies, tris administratifs), mais s’il existe, il contient tout le suivi de l’enfant jusqu’à sa majorité (21 ans à l’époque).

3. Le mystère du « Tour » d’abandon

L’image d’Épinal de l’enfant déposé la nuit dans une boîte pivotante n’est pas un mythe.
Institué par un décret de 1811, le « tour » permettait aux mères de déposer l’enfant anonymement dans le mur de l’hospice. Une cloche prévenait la sœur de garde à l’intérieur, qui faisait pivoter le tour et récupérait le bébé.

Si votre ancêtre est né entre 1811 et 1860 (date de la suppression progressive des tours), il y a de fortes chances qu’il soit passé par là.
Pour le généalogiste, c’est frustrant car l’anonymat est total. Mais le procès-verbal d’exposition, mentionné plus haut, est rédigé à cet instant précis.
Lisez-le attentivement. Parfois, on y lit : « A été trouvé un enfant mâle, paraissant âgé de deux jours, portant un bonnet de coton blanc rapiécé… ». C’est peu, mais c’est une trace tangible de son existence physique à cet instant crucial.

4. Dis-moi comment tu t’appelles…

Le nom de famille de votre ancêtre trouvé est souvent une source de curiosité, voire de légende familiale. Qui donnait ces noms ? C’était l’officier d’état civil ou l’employé de l’hospice.
Il existe plusieurs « modes » selon les époques et les régions :

Les caractéristiques : Legrand, Lepetit, Leroux.

Le temps et le lieu : Lundi, Janvier, Dupont (trouvé sur un pont), Église…

Les objets : Certains officiers, manquant d’imagination face à l’afflux d’enfants, utilisaient des listes d’objets, de fleurs ou d’animaux : Tulipe, Chardon, Outil, Panier.

L’inspiration historique ou littéraire : On trouve des César, des Voltaire, ou des prénoms transformés en noms.

La cruauté parfois : Il ne faut pas le nier, certains noms étaient stigmatisants (Malvenu, Trouvé, Inconnu, Zéro).

Analyser le nom peut parfois donner un indice, mais attention à ne pas surinterpréter. Si votre ancêtre s’appelle « Lempereur », cela ne signifie pas qu’il est de sang royal, mais probablement que l’employé de l’hospice venait de lire un livre d’histoire !

5. La vie chez la nourrice et le placement

Une fois admis, l’enfant ne restait pas à l’hospice (où la mortalité infantile était effrayante). Il était envoyé à la campagne, chez une nourrice payée par l’administration.
Les registres de placement (toujours en série X) vous diront dans quel village il a grandi. C’est là que la recherche devient sociologique. Votre ancêtre n’a pas grandi « nulle part ». Il a grandi dans une famille d’accueil, a côtoyé les enfants du village, est allé (ou non) à l’école communale.
En croisant les informations avec les recensements de population du village d’accueil (Série M aux Archives Départementales), vous pouvez reconstituer son foyer « de fait ». Qui étaient ses parents nourriciers ? Avait-il des « frères et sœurs de lait » ?

Souvent, à partir de 12 ou 13 ans, l’enfant cesse d’être une « charge » pour devenir une « main-d’œuvre ». Il est placé en apprentissage, souvent dans des fermes. Le dossier individuel contient parfois les contrats d’apprentissage et les appréciations des patrons. C’est une fenêtre ouverte sur son caractère et ses conditions de vie, souvent rudes.

6. Et l’ADN dans tout ça ?

Aujourd’hui, la généalogie génétique offre une nouvelle porte d’espoir. Là où les archives papier se taisent (parents inconnus), l’ADN parle.
Si vous êtes un homme descendant d’une lignée paternelle directe d’enfant trouvé (père en fils), un test du chromosome Y peut vous relier à d’autres hommes portant le patronyme du père biologique inconnu.
Pour les autres cas, les correspondances « autosomales » (Cousins ADN) peuvent permettre, par triangulation, d’identifier le couple d’ancêtres communs et donc, potentiellement, les parents biologiques de l’enfant abandonné. C’est une démarche complexe, qui demande de la patience et une bonne maîtrise des outils d’analyse, mais j’ai vu des « miracles » se produire : des familles retrouvées 150 ans après un abandon.

Conclusion : Une histoire à part entière

Avoir un ancêtre enfant trouvé, ce n’est pas avoir un trou dans son arbre. C’est posséder une racine différente, une racine qui plonge directement dans l’histoire sociale de notre pays.
Ne voyez pas la mention « père et mère inconnus » comme un échec. Voyez-la comme une invitation à explorer les archives hospitalières, à comprendre la vie des plus humbles, et à redonner une dignité et une histoire à celui ou celle qui a commencé sa vie seul(e) au monde.

Votre travail de généalogiste est de leur rendre la famille qu’ils n’ont jamais eue : la vôtre, aujourd’hui.

Faire appel à un généalogiste familial professionnel peut aussi vous aider à débloquer ces situations complexes, notamment pour interpréter les dossiers administratifs parfois ardus de la Série X ou pour analyser des résultats ADN.

Et vous, quelle est la découverte la plus surprenante ou la plus émouvante que vous ayez faite concernant un ancêtre au parcours atypique ?
Avez-vous réussi à percer le secret de ses origines ?

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Spécialiste de ce thème, Myriam Provence livre ici tous ses conseils de recherche. Avec réalisme bien sûr, car il n’est pas toujours possible de retrouver les filiations manquantes. Mais avec optimisme, car sa connaissance des fonds d’archives et des arcanes de l’Assistance publique lui permet d’exploiter tous les indices à disposition. Si les langues ne veulent pas se dénouer, lever le secret se fait pas à pas, document après document.


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Si les statistiques placent les Côtes-du-Nord parmi les départements français les moins confrontés au phénomène de l’abandon, il a néanmoins beaucoup préoccupé les autorités qui n’eurent de cesse, pendant tout le siècle, de vouloir l’éradiquer coûte que coûte. S’intéresser à l’abandon des enfants, c’est s’intéresser à la fois à l’histoire de l’enfance et à l’histoire des femmes, particulièrement les femmes seules, mais aussi, plus généralement, à l’histoire de la vie rurale dans un département fortement imprégné de catholicisme

5 commentaires

  1. Bonjour
    Je me permets de vous contacter
    Je suis confronter à un problème concernant mon arbre généalogique
    l’un des mes ascendants est né de père inconnu du coup je suis bloquer dans mes recherches

    • Né de père inconnu, c’est très compliqué de résoudre cette énigme. Avez vous un acte de mariage concernant la mère de cet enfant ? Quelquefois lors d’un mariage , il y a alors reconnaissance de l’enfant par l’époux. Mais rien ne précise en général que ce soit le vrai père géniteur.

  2. bjr, dans le souci de « peut etre » renseigner des personnes issues d’une famille dont le père ou grand père a été abandonné, j’aimerai retrouver trace de cet enfant abandonné, soit dans la Manche (Valognes) soit en Maine et Loire (Brissac-Angers) Années ?? entre 1915 et 1918. Je connais le nom de la mère. Je ferai donc partie de cette famille. Il se serait prénommé Joseph. Si vous pouviez me donner pistes pour la recherche. merci

  3. Bjr,je suis susceptible de donner des renseignements à des descendants (s’il y a eu) d’un enfant abandonné entre 1915 et 1918 soit à Valognes (50) soit en Maine et Loire (49) Brissac- Angers. Prénommé Joseph. Merci de me donner des pistes cf les recherches , déjà faites sur Valognes l’établissement qui accueillait des enfants abandonnés n’existe plus, quant aux archives ? Pour le Maine et loire ? MERCI

    • Bonjour. La série X sur le site des erchives du Maine et Loire n’est absolument pas renseignée. La meilleure solution est de les appeler et de poser la question ou si possible se déplacer pour rechercher sur place.

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