Vous avez 1 chance sur 200 d’être un descendant de Charlemagne : mythe ou réalité ?

Cette affirmation, souvent reprise sur Internet et dans certains ouvrages de vulgarisation généalogique, mérite qu’on s’y attarde. En tant que généalogiste professionnel, je vais vous expliquer pourquoi cette statistique est non seulement inexacte, mais aussi largement sous-estimée !
La réalité mathématique : nous sommes (presque) tous descendants de Charlemagne
La vérité est encore plus surprenante : si vous avez des origines européennes, vous êtes très probablement descendant de Charlemagne. Comment est-ce possible ? Plongeons dans les mathématiques de la généalogie.
Le calcul de nos ancêtres théoriques
Prenons un calcul simple :
- Parents : 2 ancêtres
- Grands-parents : 4 ancêtres
- Arrière-grands-parents : 8 ancêtres
- Et ainsi de suite…
En remontant 40 générations (environ 1200 ans, soit l’époque de Charlemagne), nous devrions théoriquement avoir 2^{40} ancêtres, soit plus de 1 000 milliards d’individus !
L’implosion des ancêtres : pourquoi ce calcul est impossible
Or, ce nombre est absurde pour deux raisons :
- La population mondiale à l’époque de Charlemagne était d’environ 200 millions d’habitants.
- Ce calcul ne tient pas compte de « l’implosion des ancêtres ».
Qu’est-ce que l’implosion des ancêtres ?
C’est le phénomène par lequel le même ancêtre apparaît plusieurs fois dans notre arbre généalogique, à travers différentes lignes. Cette implosion est inévitable et s’explique par :
- La taille limitée des populations
- Les mariages dans un périmètre géographique restreint
- Les alliances entre familles
- L’isolement relatif des communautés
Pourquoi Charlemagne est-il un cas particulier ?
Plusieurs facteurs font de Charlemagne un ancêtre probable pour la majorité des Européens :
- Le facteur temps :
- Plus de 40 générations nous séparent de lui.
- Chaque génération multiplie les chances de connexion.
- Sa position sociale :
- Nombreuse descendance directe.
- Alliances matrimoniales stratégiques.
- Forte documentation historique de sa lignée.
- L’effet fondateur :
- Son empire couvrait une grande partie de l’Europe.
- Ses descendants ont occupé des positions importantes pendant des siècles.
La vraie probabilité : bien plus qu’une chance sur 200
Des modélisations mathématiques récentes suggèrent que pratiquement tous les Européens actuels descendent de Charlemagne. Les exceptions possibles concerneraient :
- Certaines populations isolées historiquement.
- Des communautés ayant connu peu de mélanges avec le reste de l’Europe.
- Des lignées strictement issues d’immigration récente.
Comment prouver sa descendance de Charlemagne ?
La difficulté de la preuve
Prouver généalogiquement cette descendance est une tout autre histoire :
- Les sources médiévales sont rares et parfois peu fiables.
- Les filiations nobles sont souvent contestées.
- Les registres paroissiaux ne remontent généralement pas au-delà du XVIe siècle.
Les lignées prouvées
Seules quelques familles peuvent prouver documentairement leur lien avec Charlemagne :
- Certaines familles royales européennes.
- Quelques lignées nobles ayant conservé leurs archives.
- Des familles ayant fait l’objet de recherches historiques approfondies.
Conclusion : au-delà des statistiques
La question n’est donc pas tant d’avoir « une chance sur 200 » d’être descendant de Charlemagne, mais plutôt de comprendre que nous sommes tous interconnectés dans un vaste réseau généalogique. Cette réalité mathématique nous rappelle que :
- Les arbres généalogiques ne sont pas des lignes droites mais des réseaux complexes.
- L’histoire familiale dépasse les simples filiations directes.
- La généalogie nous enseigne l’humilité face à la complexité de nos origines.
Pour aller plus loin
Si ce sujet vous passionne, je vous conseille de :
Rejoindre des associations généalogiques spécialisées.
Vous intéresser à l’histoire médiévale de votre région.
Étudier les mouvements de population en Europe.
Apprendre à lire les sources anciennes.

Charlemagne
Charlemagne est l’un des rares personnages du Moyen Âge dont la mémoire persiste. Comme le roi Arthur ou Jeanne d’Arc, il a survécu au passage du temps. Conquérant, législateur, monarque très chrétien ou inventeur de l’école, il est aussi perçu comme le premier « père de l’Europe »